Vous êtes à la recherche d’un chiot blenheim, tricolore, rubis ou noir et feu et vous souhaitez en savoir plus sur mon élevage canin ? Ou bien envisagez-vous de vous lancer également dans cette merveilleuse aventure ? En ce jour spécial dédié à l’Amour, je voudrais vous parler de mon métier d’éleveuse de Cavalier King Charles. Laissez-moi vous présenter dans cet article, la passion et la dévotion pour mes animaux qui m’anime depuis plus de 35 ans. Prêt.e.s à plonger dans mon univers ?
Être une éleveuse de Cavalier King Charles : c’est vivre selon le rythme de sa meute
Mes fidèles compagnons requièrent une présence constante. Alors, on oublie les après-midis shopping. Je ne pars jamais très loin ni très longtemps. Même les dîners en famille ou entre amis me demandent une grande organisation (c’est pour ça que c’est souvent moi qui reçois !).
Je ne peux pas laisser mes chiens sans surveillance. Je ne voudrais pas qu’ils leur arrivent quoi que ce soit. Alors, je fais des groupes et j’alterne les moments de jeu et de repos. Je surveille leur comportement, et m’assure qu’il n’y ait aucun changement.
S’occuper d’un élevage demande une présence constante : les vacances, c’est quoi ça déjà ?
Quand on est éleveur canin, on ne compte pas ses heures. Il faut être présent de jour comme de nuit. « Mais les chiens, ça ne se garde pas tout seul ? » Et non, ils n’aiment pas être seuls, c’est une particularité de la race à prendre en compte. Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à lire mon article dans lequel je décris leurs traits de caractère.
Vous comprenez donc que les vacances, j’en prends très rarement. La dernière fois que je suis partie, ce sont trois de mes enfants qui ont assuré mon remplacement. Je voulais être certaine qu’il ait toujours une présence chez moi auprès d’eux.
Mes animaux vivent sous mon toit comme des enfants, et vous seriez surpris de savoir à quel point ils ont chacun leurs petites habitudes :
- un des mes chiens mange à un endroit précis (et ne veut pas d’une autre place) ;
- une autre aime prendre son temps et attend d’être la dernière ;
- une petite puce ne s’alimente que si je suis à côté d’elle ;
- une coquine passe son temps à chercher des insectes pour les gober (et moi, je fais la chasse aux guêpes !) ;
- Quant à celle qui disparaît tout le temps, je ne perds plus de temps à chercher dans le jardin et vais directement vérifier les lits des chambres !
Ce sont nos petits moments et rituels. Sans compter qu’il existe entre eux de vraies affinités. Certains aiment dormir avec un compagnon spécifique. Je respecte leur choix pour qu’ils passent de bonnes nuits.
Vous comprenez que même si j’ai une pleine confiance en mes enfants (humains), personne ne connaît mes Cavaliers aussi bien que moi. C’est toujours très compliqué d’envisager de partir en vacances (ou en week-end) !
Terminer les grasses matinées : ma petite Victoria est une lève tôt
Je ne sais pas si c’est comme ça dans tous les élevages, mais une de mes chiennes, Victoria, est du matin. Et gare à moi si j’ai le malheur de ne pas répondre à ses appels.
Ils sont réglés comme des horloges. Les changements d’heure sont source de frustrations les premiers jours. Ils ont l’habitude de se nourrir à la même heure, alors le temps que leur estomac s’adapte, ils crient famine ! À l’inverse, ils ne comprennent pas pourquoi les croquettes sont servies plus tôt en hiver (dans ce sens-là, c’est moins gênant).
Vivre avec des animaux : c’est être une femme de ménage à temps complet
Je ne vais pas vous faire un dessin : à l’extérieur, vous me trouverez tous les jours avec deux pelles à la main. Et à l’intérieur ? Avec mon seau, ma serpillière, et un bon désinfectant. En ce qui concerne les odeurs (surtout en présence de chiots), il faut accepter que le matin, ça ne sente pas la rose.
Les bébés font leur besoin dans leur espace, mais vont marcher dedans. Je passe mes journées à m’assurer de la propreté de leur environnement. Je vais également les sortir 3 à 4 fois par jour : cela leur permet de prendre l’air, de jouer avec les adultes, de côtoyer du monde… Il est important de les sociabiliser très jeunes. Lorsque j’ai des portées, mon rythme de travail est intense !
Prendre soin de la santé de ses chiens : c’est avoir un « abonnement » chez le vétérinaire
Je vais au moins une fois par semaine chez le vétérinaire ou chez un spécialiste (les spécialistes que je consulte sont à au moins 1 heure de route de chez moi). Non pas que mes loulous soient plus malades que vos chiens, mais ils requièrent des suivis spécifiques : il y a les vaccins (des bébés, des adultes), mais aussi tous les examens demandés par le club de la race pour s’assurer de leur bonne santé (test génétique, échocardiographie, test oculaire…).
À cela s’ajoutent les maladies et bobos imprévus — quand je vous dis que je dois vérifier en permanence le comportement de chaque chien. J’ai dû faire opérer une de mes chiennes en urgence, car elle avait avalé un bout de tissu. Le temps que je consacre à m’occuper de mes animaux, je le fais avec passion et amour pour eux et pour la race.
La toilette de mes chiens : une mission régulière à prendre très sérieux
Oui, parmi toutes les missions que je dois réaliser, j’assure également le toilettage de mes compagnons de vie. J’ai un planning de suivi et je m’assure de les laver et démêler toutes les semaines. À cela s’ajoute le soin des oreilles, des yeux, des dents et des griffes.
C’est un moment privilégié pour celui ou celle que je bichonne (mais pas des plus agréables quand vient le moment du démêlage). J’en profite pour leur transmettre tout mon amour et vérifie chacune des zones de son corps. Par exemple, qu’il ou elle ne se soit pas blessé.e en jouant à l’extérieur.
Réaliser de beaux mariages entre mâle et femelle : pour assurer de belles lignées en bonne santé
Lorsqu’on a un élevage canin, on marie ses chiennes avec des reproducteurs. Ce travail de sélection n’est pas neutre. Ils demandent des connaissances pour éviter des incompatibilités d’ADN, tout en obtenant de beaux bébés.
En termes d’accouplement, il y a également des normes à respecter pour que les chiots soient inscrits au livre des origines françaises. En général, je fais reproduire :
- les chiens de la même robe :
- ou des cavaliers blenheim avec des cavaliers tricolores ;
- ou des cavaliers rubis avec des cavaliers noir et feu.
Même si cela est admis par la race, je ne réalise jamais de mariage entre des cavaliers blenheim ou tricolore avec des cavaliers rubis ou noir feu. Pourquoi ? Car cela peut générer des défauts de couleurs dans les générations qui suivent. Les chiens des futurs portées ne seraient pas considérés comme LOF.
Aider une chienne à mettre bas : c’est se couper du monde pour être sûre d’être présente pour elle au moment où elle en aura besoin
Deux mois après la saillie, la femelle reproductrice est prête à mettre bas. S’occuper d’une chienne gestante demande de la patience et de la douceur. Je deviens pour elle une « sage-femme » ou une « doula ». Il faut la rassurer et la garder près de soi jour et nuit. Quand la date du terme approche, même moi je n’arrive plus à dormir la nuit (et cela fait plus de 35 ans que j’exerce). Sa caisse est placée à côté de mon lit. La lumière de ma chambre reste allumée. Je guette les moindres changements dans son comportement. Elle va gratter dans sa caisse. Je me dis que c’est peut-être pour maintenant. Même si, je le sais, c’est le signe que la mise en bas est proche : dans une 1 h ? dans 2 jours ? C’est la nature qui décide.
Il faut être présente pour savoir quand la poche des eaux éclate et bien noter l’heure. C’est important car passé un certain laps de temps, il y a un risque d’infection. Le numéro d’urgence du vétérinaire n’est jamais très loin. Il faut savoir quand prendre la décision de partir. Ce n’est jamais très simple : on a toujours espoir qu’une contradiction arrive et fasse sortir le chiot suivant.
Malheureusement, nous sommes aussi confrontés à la mort : un chiot mort-né ou qui meurt dans les heures qui suivent leur naissance. Émotionnellement, c’est toujours très dur à gérer…
Avoir une portée de chiots : c’est les garder près de son lit et passer des nuits blanches
Pendant les premiers mois de leur vie, ils ne sont jamais loin de moi. Je suis leur évolution de près. Je les pèse quotidiennement et vérifie qu’ils prennent bien du poids. Parfois, ce n’est pas le cas. Il arrive fréquemment qu’un bébé stagne ou devienne chétif. Dans ce cas, je dois compléter son alimentation avec du lait maternisé. Je le fais téter toutes les 2 à 3 heures, de jour comme de nuit. Chaque jour est une victoire !
Je surveille aussi la maman, qu’elle s’alimente et s’hydrate correctement. Elle dépense beaucoup d’énergie à materner ses petits. Je m’assure en permanence qu’elle n’étouffe pas un de ces petits (en s’asseyant dessus, sans le faire exprès). J’ai investi dans des caisses spéciales de mise bas qui sont très grandes et avec des barrières de sécurité conçues pour ce risque : mais il existe toujours.
Vendre des chiots : c’est mettre des annonces, recevoir des visites et créer du lien entre les bébés et les futurs adoptants en envoyant des photos régulièrement
Une fois qu’ils ont bien grandi, mes chiots sont destinés à être accueillis et aimés dans des familles adoptives. Je deviens alors une photographe. J’essaie de prendre mes petits protégés sous leur plus beau profil, ce qui n’est pas la chose la plus facile. Non pas qu’ils soient moches, au contraire ! ils sont très mignons, mais ils ne tiennent pas en place. J’use d’astuces à tout va pour leur faire prendre la pause et regarder dans ma direction (des petits jouets, des sons avec ma bouche…).
Ensuite, je reçois des personnes intéressées par la race du Cavalier King Charles. Lorsqu’il y a un coup de cœur et une réservation, j’essaie du mieux que je peux de les tenir informés de l’évolution de leur prochain compagnon. En général, j’envoie des nouvelles toutes les semaines. Mes petits amours étant réservés très tôt après leur naissance, je peux communiquer avec eux pendant des semaines avant le jour du grand départ.
Petit aparté : j’adore recevoir des nouvelles de mes anciens protégés. Cela me rend heureuse de savoir qu’ils sont dans des familles bienveillantes et aimantes.
Être une professionnelle : c’est aussi déclarer chacune des étapes à la centrale canine, à l’Icad et à la MSA
À côté du ménage, des soins, des câlins et des visites, je suis aussi chargée de déclarer toutes les étapes de la conception jusqu’au départ (saillie, naissance, enregistrement de l’ADN des adultes, changement de propriétaire, demande des certificats de naissance, etc). Sans parler des annonces qu’il faut mettre en ligne. Tout cela demande de l’organisation et un suivi administratif très sérieux.
En tant qu’éleveuse professionnelle, j’ai un numéro de Siret et je suis inscrite à la MSA. Chaque vente est facturée et déclarée aux services des impôts, ce qui génère des cotisations à payer.
Avoir plus de deux chiennes reproductrices : c’est aménager un espace intérieur, en respectant les normes d’hygiène
Mon espace de vie est aménagé pour accueillir de façon optimale mes animaux. Toute une partie de mon habitation leur est entièrement dédiée : avec trois grands boxes pour leur couchage la nuit et un lieu de vie collectif. Au sol et sur les murs, du carrelage a été posé pour plus d’hygiène. Les zones de nuit sont légèrement surélevées, avec une petite pente et une rigole pour faciliter le nettoyage.
J’ai également aménagé un espace bébé et une salle de quarantaine, pour éviter tout risque de contamination en cas de maladie. Ils ont aussi leur propre salle de bain. J’ai également investi dans une table haute de toilettage (qui est très pratique !)
À l’extérieur, ils peuvent profiter d’une terrasse couverte et ouverte, ainsi que d’un grand jardin pour courir dans l’herbe (où de nombreux jouets et transats les attendent).
Avoir un élevage canin : ce n’est pas une activité rentable
Bien souvent, il s’agit d’une activité secondaire (ce qui est mon cas). Mais, elle ne peut pas être bénévole, car cela demande beaucoup d’investissements (en temps, en matériel, en soin).
Oui, les prix des chiots sont élevés, mais je n’en vends pas toute l’année. Je gère les saillies de manière bienveillante. Il y a des années où je m’occupe de plusieurs portées, et d’autres où je n’en ai quasiment pas parce que mes chiennes se reposent.
Pendant ce temps-là, et même si je n’ai aucun revenu provenant de cette activité, mes charges continuent de courir. Je dois toujours nourrir mes petits toutous, les faire suivre chez le vétérinaire, faire leur toilette, leur acheter des coussins et des jouets, etc. Sans compter le temps que j’y consacre, et le nombre de nuits blanches que je passe.
Vous l’aurez compris maintenant : s’occuper d’un élevage de chiens et donner la vie à un chiot est un vrai privilège. Cela requiert un savoir-faire spécifique, un grand dévouement et surtout, de la passion pour nos amis à quatre pattes. J’espère qu’à travers cet article, vous comprenez mieux mon activité d’éleveuse de Cavalier King Charles, qui est une profession remplie d’amour, de sincérité, mais aussi de sacrifices.
Bonne Saint-Valentin à vous !
Christine